Réalisation
Première réalisation, la version piéton
En tant qu’amateur de carto et de graphisme, et très agacé par la surutilisation de la voiture au quotidien , je n’ai pas pu résister à en créer un pour ma commune.
Quel logiciel ?
Il me fallait une version vectorielle, c’est plus propre, n’empêche pas une version bitmap et permet de l’utiliser plus librement sur différents supports : numériques, panneaux physiques, etc.
J’ai utilisé Inkscape pour tout composer, logiciel libre que je connais un peu.
Mode de déplacement
Je souhaitais réaliser le mien en 2 versions : une piéton et l’autre cycliste.
Piéton parce qu’à mon avis, c’est le mode de déplacement dont on surestime le plus le temps de déplacement et que tout le monde n’ose pas faire du vélo en ville.
Cycliste parce que c’est le véhicule le plus pertinent à l’échelle d’une ville (et ce serait bien que nos dirigeants le comprennent).
L’exemple du metrominuto de Saint-Brieuc mélangeant les 2 est à mon sens surchargé et les zones que l’on peut atteindre en vélo sont bien plus nombreuses : il faut changer d’échelle.
Look and feel
Concernant la présentation, je ne souhaitais pas garder cet aspect quadrillage avec des tracés dont la taille n’est pas proportionnelle à la distance.
Pour ce faire, j’ai utilisé un fond de carte OpenStreetMap (What Else ? ☕) qui ne m’a servi que temporairement pour placer les points d’intérêts. Pour ce faire, j’ai utilisé la fonction partager du site officiel qui permet de générer une image de la carte.
Ensuite, j’ai placé des icônes aux points d’intérêt de la ville, puis j’ai connecté les points entre eux de manière rectiligne en appliquant des couleurs au hasard. Le côté rectiligne sans quadrillage faisait un peu brouillon, j’ai commencé à courber les traits selon l’itinéraire réel, rendu validé.
Afin que les points d’intérêts soit compris directement, j’ai choisi de prendre des libertés avec certains toponymes et décidé d’y rajouter une icône. Il faut savoir que beaucoup de personnes ne connaissent pas leur environnement direct, même dans le cas d’une petite ville (ici, 10 000 habitants).
Ainsi, au lieu d’indiquer “place du 8 mai 45”, il était plus clair d’indiquer écoles/collège ; etc.
Temps de trajet
Concernant les temps de trajets, j’ai utilisé le site OpenRouteService que j’apprécie pour ses isochrones. Ça a été l’occasion de corriger des erreurs de cartographie sur OSM : petits segments de connexions manquantes d’un côté de la rue à l’autre, entraînant des détours fantasques.
Par curiosité, j’ai comparé les temps et itinéraires proposés par Google Maps. Le manque de certains chemins piétons (et encore, il en connait pas mal sur ma commune, alors que pour d’autres, c’est vraiment très pauvre) fait que ce n’est pas un outil fiable pour les modes actifs (le vélo, n’en parlons pas).
Pour la même demande que la capture précédente, le temps est doublé et nous fait cheminer par la départementale.
Je souhaitais aussi intégrer la distance en mètres. Malheureusement, le manque de place m’a fait préférer la lisibilité.
Le réel problème qui s’est posé est de savoir où placer de manière pertinente les points de départ et d’arrivée. Dans le cas d’une grande zone, le met-on à son entrée principale, à l’entrée la plus près de là où on vient, ou au centre ?
Si je calcule le temps de trajet pour y arriver, le point à l’entrée la plus proche est plus pertinent. Mais si je calcule un trajet qui traverse cette zone, il me manquera le temps de traversée, non négligeable à pied. Inversement, si je calcule un trajet qui longe plusieurs de ces zones, je n’ai pas besoin d’aller en leur centre et d’avoir un temps de trajet plus long que la réalité !
Pour les lotissements, qui se trouvent en périphérie de la ville, j’ai choisi un point à l’entrée et pour les zones plus intérieures, j’ai pris un point central.
Supports
Je souhaitais aussi lier ce metrominuto à une version en ligne de manière que les gens puissent la trouver et la consulter sur leur téléphone. J’ai peu d’espoir que la mairie s’en saisisse pour réaliser un affichage physique, mais qui sait ?
J’avais pensé créer un QR code amenant vers une version uMap de ce metrominuto. Elle se serait présenté avec les itinéraires réels (les gens ne connaissent vraiment pas leur territoire, encore moins les venelles !) de la même couleur que leur trait schématique calqués sur un fond de carte OSM-FR qui a l’avantage d’être riche en informations piéton et accessibilité.
J’ai finalement opté pour un lien direct vers le même document numérique. Peut-être que je créerai cette version uMap, à voir.
Habillage
Afin de d’apporter un peu relief et de repérage, certains metrominutos possèdent des éléments géographiques remarquables de la ville : rivière, couloir vert, parcs, etc.
Ma ville n’ayant aucun élément structurant traversant (à part des départementales), j’ai opté pour le tracé de l’enveloppe urbaine.
Restait l’habillage et le tour était joué. Je suis parti sur une couleur bleue et un panneau piéton customisé. La version vélo sera sur le même modèle, verte avec un panneau cycliste customisé.
Dans un deuxième temps, lors de la réalisation du premier centrominuto (voir plus bas), j’ai rajouté un encadré inférieur pour lister les nombreux bénéfices des déplacements actifs sur :
- la santé
- le portefeuille
- la qualité de l’air
- l’apaisement de la ville
- la pollution (les voitures électriques ne sont pas écologiques)
Résultat final
Et le vélo ?
Je trouvais ça curieux que le principe du metrominuto n’ait pas été transposé spécifiquement aux vélos.
Je n’ai trouvé que les réalisations du Collectif Cycliste 37 . Je trouve le résultat très réussi. Voici comment ils l’ont pensée :
Nous avons défini 8 itinéraires vélo, à la façon de lignes de bus, traversant La Riche de part en part tout en desservant les points d’intérêts générateurs de déplacements dans la commune (commerces, bâtiments publics, parcs…).
Ils ont couvert d’autres communes ensuite !
De mon côté, je me suis vite rendu compte que la simple transposition du metrominuto version piéton en version cycliste en changeant seulement les temps posait des problèmes de surcharges de temps inférieurs à 2 minutes au centre-ville.
L’intérêt était de montrer que le temps utile pour relier des pôles éloignés de la ville était faible, pas de devenir champion en calcul mental.
Comme eux, je me suis donc orienté sur le tracé d’itinéraires choisis. Ces itinéraires relient des pôles attractifs de la commune et les lotissements excentrés. Rien n’empêche de combiner différents itinéraires, notamment dans la perspective d’accéder à des pôles d’intérêt des communes avoisinantes.
Réflexions
Simplification de la lecture de carte
Si j’aime beaucoup le principe du metrominuto, je me suis fait la réflexion en le réalisant que ce n’est pas un outil assez direct pour un simple curieux. Il faut prendre le temps de le comprendre, de tracer son itinéraire et de faire les calculs, et qui au final, donne plus un ordre d’idée qu’une durée exacte.
Pour solliciter les gens vers un report modal, on pourrait donc proposer à chaque endroit stratégique de la commune une carte isochrone centrée là où on se trouve affichant les zones accessibles en 5, 10, 15 et 20 minutes. Cela permettrait en 1 coup d’œil de se situer et de repérer dans quel périmètre de temps notre maison se trouve.
Le site OpenRouteService et ses isochrones, un outil puissant
J’ai concrétisé cette idée ultérieurement, et commence à démarcher différents établissements de la commune pour les y afficher.
J’ai décidé d’appelé ce type de carte centrominuto en référence au metrominuto et au point central des cartes isochrones.
Limites
Malgré tout, il faut reconnaître les limites à ce genre d’initiatives. On peut inciter les gens à changer leurs modes de déplacement, du moment que ce n’est pas associé à une politique d’aménagement ambitieuse assurant la lisibilité, la continuité, la sécurisation, l’ombrage, le repos, la végétalisation, etc. des itinéraires doux, cela restera des vœux pieux.
Les dynamiques et volonté de changement individuelles ne peuvent s’accomplir que grâce à des structures collectives.
C’est le message que j’essaie désespérément de faire passer à ma commune…